ARGUMENTAIRE : pourquoi un projet
« Sport-Santé » à l'USEP ?

A - DES ENJEUX HUMANISTES

De l’éducation physique pour tous

DROIT À L’ÉDUCATION, DROIT À LA SANTÉ :

Tant dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme que dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, les droits de l’enfant à la Santé et à l’Éducation sont affirmés solennellement.


Déclaration universelle des droits de l’homme (1)

Article 25

1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille…

Article 26

1. Toute personne a droit à l'éducation…


Convention internationale des droits de l’enfant (1)

Article 24

1. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible…

Article 28

1. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation…

Expression du secteur scolaire plein air et sport de la Ligue de l’Enseignement, l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier Degré affirme son engagement dans la mise en œuvre d’une éducation à la santé. En se donnant, en lien avec l’école, les moyens d’une éducation permanente, elle vise notamment le développement du capital santé de chaque enfant.

Cette éducation, prônant pour les enfants les bienfaits de la pratique d’une quantité significative d’activités physiques, s’appuie sur une action menée tout au long de l’année : d’une part, dans les domaines croisés du sport et de la santé, d’autre part, dans le cadre d’une éducation à l’environnement intégrant une démarche pour un développement durable.

Dans cette démarche d’éducation populaire, l’USEP fait vivre un projet ancré dans l’école publique : former des futurs citoyens capables de raisonner sur leur mode de vie et sur leurs pratiques sportives au regard du développement de leur capital santé. Cette pensée réflexive, appliquée au plan individuel mais aussi dans une dimension collective conduira les enfants à penser leurs pratiques par eux-mêmes, à se donner des règles et à définir leurs droits et leurs devoirs. Ainsi, la maîtrise de ces compétences les rendra en mesure d’agir positivement sur leur santé tout au long de leur vie.

B -DES ENJEUX INSTITUTIONNELS

1. Une mission de service public

L’USEP, mouvement sportif, associatif, éducatif et philosophique a signé avec le Ministère de l’Education nationale une convention* précisant sa mission de service public.

*Convention MEN – USEP du 27 juin 2007

Article 1 - La mission de service public confiée à l’USEP par le ministère portera sur :

- la construction d’une véritable culture sportive par l’organisation de rencontres adaptées à l’âge des enfants ;

- la contribution à l’engagement civique et social des enfants par leur responsabilisation progressive dans le fonctionnement de l’association d’école.


Article 2 - L’USEP s’engage à développer toutes les actions visant à accompagner, enrichir et diversifier les enseignements scolaires, en particulier […]

- en développant des pratiques associatives et des projets pédagogiques ouvrant les rencontres à des approches transversales (citoyenneté, santé, culture, sécurité routière...).


L’USEP doit donc renforcer l’action de l’école, notamment dans le domaine transversal de la santé.

L’USEP contribue ainsi aux efforts de l’école conduits dans la perspective d’atteindre les objectifs posés par l’institution (notamment, ceux qui préconisent la prise en compte de la santé), tant dans les programmes de 2008 que dans le socle commun de connaissances et de compétences de 2005. L’USEP va au-delà, en offrant une valeur ajoutée au à travers de la mise en œuvre d’un projet d’éducation globale pour l’enfant.

2. Les visées éducatives liées à la santé dans les programmes de l’école primaire

a) Le socle commun de connaissances et de compétences

La référence à l’éducation à la santé est présente, d’une manière explicite, dans le premier palier (compétences attendues à la fin du CE1)  pour la maîtrise du socle commun au travers de la compétence n°7 : « appliquer des règles élémentaires d’hygiène » (p. 20), (2).

Cependant, un croisement entre les compétences 6 et 7 (compétences sociales et civiques, autonomie et initiative) et les dix compétences psychosociales nécessaires au développement de l’estime de soi et à la lutte contre les pressions de la vie, deux éléments à même de créer un environnement favorable pour l’efficacité de l’éducation à la santé, montre l’interdépendance des deux domaines.

Compétences psychosociales

Compétences 6 et 7 du socle commun


Savoir résoudre les problèmes

Savoir prendre des décisions

Avoir une pensée créatrice

Avoir une pensée critique

Savoir communiquer efficacement

Être habile dans les relations interpersonnelles

Avoir conscience de soi

Avoir de l'empathie pour les autres

Savoir gérer son stress

Savoir gérer ses émotions

Charte d’OTTAWA de 1986 : 1ère conférence mondiale pour la promotion de la santé

Compétences sociales et civiques

Respecter les autres et les règles de vie collectives

Pratiquer un jeu ou un sport collectif en respectant les règles

Participer en classe à un échange verbal en respectant les règles de communication

Appeler les secours : aller chercher de l’aide auprès d’un adulte

L’autonomie et l’initiative

Échanger, questionner, justifier un point de vue

Travailler en groupe et s’engager dans un projet

Maîtriser quelques conduites motrices

Se représenter son environnement proche, s’y repérer, s’y déplacer de façon adaptée

Appliquer des règles élémentaires d’hygiène

 

b) Les programmes de l’école primaire

L’éducation à la santé vise à créer pour les enfants, un environnement favorable à la mise en place de saines habitudes de vie et au développement de compétences susceptibles, d’une part, d’influer de manière positive sur leur santé et leur bien-être et d’autre part de favoriser une « estime de soi » positive.

« Le véritable moteur de la motivation des élèves réside dans l’estime de soi que donne l’apprentissage maîtrisé et l’exercice réussi. […] Il faut également que chaque élève puisse s’épanouir par une pratique sportive quotidienne.» (p. 10), (2).

Les programmes de 2008, à l’école maternelle comme au CP et au CE1, affichent certains éléments importants pour la construction de l’environnement nécessaire à la réussite de l’éducation à la santé.

L’école maternelle est un lieu déterminant dans le rapport de l’enfant aux apprentissages scolaires mais aussi pour son épanouissement personnel.

« En répondant aux divers besoins des jeunes enfants qu’elle accueille, l’école maternelle soutient leur développement… Elle laisse à chaque enfant le temps de s’accoutumer, d’observer d’imiter, d’exécuter, de chercher, d’essayer en évitant que son intérêt ne s’étiole ou qu’il ne se fatigue. Elle stimule son désir d’apprendre et multiplie les occasions de diversifier ses expériences et d’enrichir sa compréhension. Elle s’appuie sur le besoin d’agir, le plaisir du jeu… » (p. 12), (2).

Agir et s’exprimer avec son corps

« L’activité physique et les expériences corporelles contribuent au développement moteur, sensoriel, affectif et intellectuel de l’enfant. Elles sont l’occasion d’explorer, de s’exprimer, d’agir dans des environnements familiers, puis, progressivement, plus inhabituels. Elles permettent de se situer dans l’espace. L’enfant découvre les possibilités de son corps ; il apprend à agir en toute sécurité tout en acceptant de prendre des risques mesurés et à fournir des efforts tout en modulant son énergie. Il exprime ce qu’il ressent, nomme les activités et les objets manipulés ou utilisés, dit ce qu’il a envie de faire. » (p. 15), (2).

Découvrir le monde – Découvrir le vivant

«  Les enfants découvrent les parties du corps et les 5 sens : leurs caractéristiques et leurs fonctions. Ils sont intéressés à l’hygiène et à la santé, notamment à la nutrition. Ils apprennent les règles élémentaires de l’hygiène du corps. Ils sont sensibilisés aux problèmes de l’environnement et apprennent à respecter la vie. » (p. 15), (2).

Le passage à l’école élémentaire est un moment privilégié pour l’enfant dans sa conquête de l’autonomie : il acquiert une motricité mieux coordonnée, il découvre de nouveaux concepts et il maîtrise la lecture d’une manière de plus en plus affirmée.

La pratique d’activités physiques et/ou sportives joue un rôle important dans le développement de l’enfant et lui permet de grandir  harmonieusement.

« Il faut également que chaque élève puisse s’épanouir par une pratique sportive quotidienne » (p. 10), (2).

Éducation Physique et sportive 

«  L’éducation physique vise le développement des capacités nécessaires aux conduites motrices et offre une première initiation aux activités physiques, sportives et artistiques. Tout en répondant au besoin et au plaisir de bouger, elle permet de développer le sens de l’effort et de la persévérance. Les élèves apprennent à mieux se connaître, à mieux connaître les autres ; ils apprennent aussi à veiller à leur santé. » (p. 18), (2).

Découverte du monde – Découvrir le monde du vivant, de la matière et des objets 

« Ils apprennent quelques règles d’hygiène et de sécurité personnelles et collectives. Ils comprennent les interactions entre les êtres vivants et leur environnement et ils apprennent à respecter l’environnement… » (p. 19), (2).

Instruction civique et morale 

« Ils reçoivent une éducation à la santé et à la sécurité. Ils sont sensibilisés aux risques liés à l’usage de l’Internet. Ils bénéficient d’une information adaptée sur les différentes formes de maltraitances. » (p. 19), (2).

Notons que, au regard des programmes 2008, les élèves reçoivent une éducation à la santé et à la sécurité et ils apprennent quelques règles d’hygiène et de sécurité personnelles et collectives.

C. L’USEP PROPOSE D’ALLER PLUS LOIN…

L’USEP rend l’enfant acteur de ses apprentissages.

Un enfant acteur est un enfant motivé : la première étape sera de créer chez lui le goût de la pratique physique et sportive. Pour cela, l’enfant sera conduit à prendre conscience des émotions diverses et intenses qui le traversent lors de la pratique d’activités physiques. Exprimer verbalement ces émotions, mettre des mots, les nommer puis échanger ses impressions, mieux comprendre ce qui a été vécu pour mieux gérer son activité physique et les émotions qu’elle génère, telles seront les différentes étapes d’une approche « réflexive » de la pratique physique.

C’est cette approche, développée par l’USEP, qui permettra à l’enfant d’acquérir les compétences nécessaires à la maîtrise et au développement de son capital santé.

La conception de l’USEP en matière d’éducation à la santé se décline au travers de la prise en compte de la notion de plaisir dans l’activité physique et de l’intégration de la communauté éducative au sein du projet. Elle précise la démarche qui conduit l’enfant vers des actes réfléchis et raisonnés ainsi que la place de l’éducation à la santé dans le cadre de l’association USEP, d’une part et de la rencontre USEP, d’autre part.

1. Prise en compte de la notion de plaisir

Dans la continuité de ses objectifs et de ses actions qui cherchent à développer le goût et la culture d’une pratique physique équilibrée et basée sur le plaisir, l’USEP veut aider l’enfant à devenir acteur de sa santé par l’acquisition de compétences lui permettant d’adopter des comportements réfléchis, éclairés et responsables.

Pour développer le goût d’une pratique physique et sportive équilibrée, la réflexion des enfants sera orientée, lors de la pratique des activités physiques et lors des rencontres sportives, vers la problématique du plaisir et des émotions ressenties. « Il s’agit alors d’aborder le corps comme un corps sensible plus qu’un corps machine, apprendre à mettre des mots sur le vécu corporel, identifier des sensations, des états de bien-être et de mal- être afin d’avoir une meilleure perception de son corps. » (Mireille Duirat-Elia, revue Hyper EPS, n°225 de juin)

L’USEP s’appuie alors sur les trois partis pris suivants dans le cadre de l’éducation à la santé :

Le plaisir de la dépense physique c’est le parti pris contre la sédentarité :

Le plaisir de la connaissance de soi c’est le parti pris d’une relation à soi constructive. par une approche des activités physiques et sportives :

Le plaisir dans la relation aux autres, c’est le parti pris de l’éducation citoyenne : 

Avoir une pratique régulière et équilibrée ainsi que le goût de l’effort.

Etre à l’écoute de soi, de son corps, comprendre son fonctionnement. Connaître ses possibilités, se situer.

Réaliser un projet collectif, et appartenir à un groupe

À court terme, il faut donner à l’enfant les moyens de repérer les éléments en rapport avec à sa santé, dans sa pratique physique et sportive ainsi que dans ses comportements.

À moyen terme, l’action éducative de l’USEP concernant l’éducation à la santé doit permettre à l’enfant de vivre des situations, d’y chercher les règles à respecter tout en comprenant l’intérêt, de s’approprier des connaissances et de débattre de celles-ci avec ses pairs et avec des adultes.

Enfin, à long terme, l’enfant, futur citoyen, doit adapter et transformer son comportement.

 

2. Le rapprochement des acteurs et la mise en place de projets

S’associer avec les partenaires de la communauté éducative pour mettre les efforts en commun et se soutenir mutuellement dans les actions à réaliser, permettra la mise en place d’un cadre cohérent qui renforcera les messages et aidera l’enfant à se repérer et à se construire.

L’USEP est un levier privilégié pour la création d’un univers de vie et de santé qui dépasse les frontières de l’école. En effet, l’implication des parents, premiers garants de la santé de leur enfant, au sein de l’association d’école et lors des rencontres permet de construire une école où l’on est bien.

Mise en place du projet

Mettre en place le projet d’éducation à la santé par les activités physiques et sportives au sein de l’association USEP d’école dans le cadre du projet d’école permet de laisser toute sa place à chacun des acteurs. L’implication plus large des différents interlocuteurs de la communauté éducative augmentera l’efficacité du projet pour atteindre plus facilement les effets recherchés.

Conditions favorables à la réussite d’un tel projet:

une continuité de l’action inscrite dans la durée, au sein et hors de l’école, quel que soit le niveau de la classe,

- une implication de toute la communauté éducative,

- des aides et des soutiens apportés par des partenaires en accord avec les visées du projet,

- une communication sur les pratiques « santé » lors des temps forts que sont les rencontres USEP (occasions d’expliciter, d’échanger, de se projeter et de dépasser l’implicite).

3. La démarche USEP

L’USEP a choisi le parti pris d’une démarche d’éducation populaire basée sur les principes suivants :

a) Partir des représentations des enfants, par l’utilisation de méthodes actives pour :

- faire prendre conscience à l’enfant de ses conduites et de celles des autres,

- susciter des réflexions et interrogations.

b) Permettre des apprentissages :

- en développant des compétences psychosociales : savoir résoudre des problèmes et prendre des décisions, développer une pensée créative et critique, savoir communiquer efficacement et être habile dans les relations interpersonnelles, avoir conscience de soi, avoir de l’empathie pour les autres, savoir gérer son stress et ses émotions,

- en apportant des connaissances,

- en favorisant le développement de ses capacités physiques.

Cette démarche conduira l’enfant à AGIR, CONNAÎTRE, CHOISIR, DÉCIDER.

Il est indispensable que l’éducateur veille à :

- favoriser une éducation au choix sans émettre de jugement (bien ou mal) sur les opinions exprimées par l’enfant,

- prendre en compte tant l’unicité de chaque personne que la part personnelle de la santé que sont les facteurs individuels et l’environnement social de vie,

- favoriser les échanges entre pairs pour amener l’enfant à découvrir d’autres façons de faire, d’autres façons d’être, et lui permettre de partager des connaissances,

- inscrire les actions sur une durée suffisamment longue.

Cette démarche guidera L’ENFANT VERS DES ACTES DE PLUS EN PLUS RÉFLÉCHIS ET RAISONNÉS.

4. L’association USEP

Le projet d’éducation à la santé se construit, se développe et se vit au sein de l’association USEP.

Celle-ci, force de proposition au sein de la communauté éducative, levier pour développer l’axe « santé » d’un projet d’école, est un lieu privilégié de rencontre entre les différents acteurs de l’éducation à la santé de l’enfant (école, parents, collectivités…).

L’association USEP :

- permet à l’enfant d’appréhender un mode de vie sain : habitudes de pratique physique et d’hygiène de vie,

- vise le bien-être en favorisant un climat positif au sein de l’école,

- propose une pratique d’activités physiques pour tous.

5. La rencontre USEP

Dans la vie de l’association USEP et dans le déroulement du projet « Santé », la rencontre est un moment fort, extrêmement important.

Les moments de rassemblement que sont les rencontres sportives, sont alors l’occasion,

pour les enfants de :

Ces usages participeront à la formation d’un futur citoyen, permettront la mise en acte des réflexions menées tout au long de l’année et favoriseront la pratique physique et sportive.

pour les adultes impliqués dans la rencontres de:

et pour tous, l’occasion de la succession des rencontres permettra de :

Tout en suscitant l’envie de pratiquer, la rencontre permet de donner un éclairage fort aux objectifs de santé.

(1)Ces principes sont respectivement inscrits dans les articles 25 et 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme votée en 1949 ainsi que dans les articles 24 et 28 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant établie en 1989.

(2)Extrait des horaires et programmes d’enseignements de l’école primaires 2008, BO n°3 du 19 juin 2008, numéro hors série