REPERES MEDICAUX

 

Par le Docteur Claude GOUBAULT,

Médecin du sport,
Médecin du CROS Poitou Charentes,
Médecin Fédéral de l’USEP.

 

Avec la participation de :

Comité National contre les maladies respiratoires
.

Association Sécurité Solaire
, centre collaborateur de l’OMS pour l’éducation solaire.

Delphine GEORGELET
, Diététicienne de La Mission Nutrition et Sécurité Alimentaire de Poitou Charentes.

Yves BOURDEAU
, Kinésithérapeute Centre Montalembert de Clermont Ferrand.



APS : des enjeux

APS et Développement Psychomoteur

La pratique des activités physiques en extérieur

APS et Alimentation

APS et Souffle

APS et Rythmes de vie

 

 

APS : des enjeux

Permettre le développement harmonieux de l’enfant :

Plus il y a de richesse dans le vécu moteur d’un enfant et plus celui-ci développera une personnalité harmonieuse en accord avec son évolution corporelle.
Les adaptations physiologiques, cardiaques et respiratoires développées par la pratique d’activités physiques contribuent au développement mental et permettent une vie sociale.

La richesse du vécu moteur ne doit pas laisser oublier que l’enfant a aussi besoin de moments de rêverie lors desquels il intègre les apprentissages réalisés préalablement et s’approprie son univers avec plaisir.
La pratique d’activités physiques et sportives dans le respect des rythmes de vie de l’enfant, lui permettra d’accéder ainsi à un bien être physique, mental et social.

 

Lutter contre la sédentarité:

Le Plan National Nutrition Santé qui s’inscrit dans un programme d’envergure mondial (Organisation Mondiale de la Santé : OMS) recommande d’augmenter le temps consacré quotidiennement aux activités physiques et sportives et ce, chez l’enfant comme chez l’adulte.
Ce programme est un essai de réponse pour lutter notamment contre la sédentarité en constante progression chez l’enfant : augmentation du temps passé devant la télévision, l’écran d’ordinateur, la console de jeux et simultanément, la diminution des déplacements à pied et des activités quotidiennes à dépense énergétique.
La sédentarité associée à une mauvaise alimentation est la cause majeure de l’obésité chez l’enfant qui ne cesse de croître. Actuellement plus de 15% des enfants souffrent de surpoids.
Les répercussions sont également importantes dans la construction de la vie sociale et au plan de la santé mentale.

C’est pourquoi, il est essentiel, tout en respectant les rythmes de l’enfant, de :

  • proposer des temps et des espaces de jeux permettant l’activité physique,

  • intégrer des comportements actifs (ex : marche…) dans le quotidien de chaque enfant.


 

Docteur Claude GOUBAULT,
Médecin du sport,
Médecin du CROS Poitou Charentes,
Médecin Fédéral de l’USEP.


APS et Développement Psychomoteur


Entre 2 et 6 ans le cerveau de l’enfant atteint environ 90% du poids du cerveau adulte et les fibres nerveuses se myélinisent, ce qui accroît la capacité de traitement de l’information et permet l’amélioration de la précision des mouvements. Cette période est caractérisée par un grand besoin de mouvement et de jeu, une grande curiosité pour tout ce qui est inconnu, l’affabulation et une grande disponibilité pour les apprentissages ; par contre il y a une faible capacité de concentration. La pensée est intuitive, concrète, pratique, liée aux expériences personnelles et accompagnées de beaucoup d’émotivité.

Pendant la petite enfance, l’enfant maîtrise la course mais avec peu de vitesse ; il saute, il grimpe, il danse et glisse avec de moins en moins de pertes d’équilibre (lien mot du kiné) ; il fait des roulades et autres gestes « aventureux »; il imite certains mouvements ; il est capable de rapprocher ou d’éloigner avec les pieds une balle devant lui.

Ceci lui permet de développer entre autres des capacités motrices telles que :

la vitesse, la force, l’endurance, la souplesse et l’agilité, la coordination.

Cette période correspond au début de la latéralisation.

Les activités motrices doivent être variées et solliciter aussi l’imagination ; les activités physiques doivent être présentées sous forme ludique : joyeuses, divertissantes, avec des histoires mimées, et doivent permettre des autorésolutions des tâches motrices par « essais-erreurs ».

L’enfant doit acquérir au cours de cet « âge d’or » une multitude d’habiletés motrices simples qui serviront de base pour les apprentissages des périodes suivantes.

Le petit enfant n’est pas capable d’efforts de longue durée  si l’intensité est forte et la pratique uniforme ; un marathon n’est pas une activité pour un enfant !

Par contre, l’enfant récupère vite. Il peut donc répéter des activités motrices presque identiques à condition que les tâches soient espacées de quelques minutes et présentées comme étant différentes afin que la lassitude mentale n’apparaisse pas.

L’effort de longue durée est envisageable et bénéfique sous forme, par exemple, de randonnée pédestre sous certaines conditions : une intensité modérée, des pauses dès que l’enfant en éprouve le besoin, un sens et un but donné à la randonnée ce qui permettra de garder intacte la motivation de l’enfant.

L’endurance reste la base de l’entrainement et du développement de chaque enfant.


APPROCHE PSYCHOLOGIQUE


Par les expériences motrices, l’enfant peut développer les capacités de son cerveau. En effet c’est par le grand nombre des apprentissages que les connexions interneuronales (cellules nerveuses) se développeront le plus et qu’elles seront plus efficaces sachant que chaque mouvement crée des connexions nouvelles.

Cette stimulation, sans être excessive, est indispensable à la création des réseaux nerveux.

Cela permet à l’enfant de s’ouvrir au monde et aux autres, de construire la perception qu’il a de lui-même et d’affiner la vision que les autres ont de lui.

Plus il y a de richesse dans le vécu moteur d’un enfant et plus celui-ci développera une personnalité harmonieuse en accord avec son évolution corporelle.


L’enfant sera ainsi capable, grâce au mouvement, d'avoir des ressources propres pour adapter de façon pertinente sa conduite aux diverses contraintes et sollicitations extérieures.

Avec l’élaboration progressive du langage et la mise en action du corps, l’enfant peut entrer en relation avec le monde et les autres. Le jeu occupe alors une place primordiale à condition qu’il ne demande pas une concentration, ni une vigilance trop élevées et qu’il respecte le niveau de concentration d’un enfant de cet âge.

Le plaisir ressenti par la réalisation des mouvements et le jeu permet à l’enfant de continuer l’expérimentation. Le sentiment de sécurité générale et affective entretiendra d’autant plus cette motivation qu’elle sera renforcée par une valorisation extérieure (adultes, pairs) L’enfant acquiert ainsi les bases de la construction d’une image de soi positive*.
*Cf : revue La santé de l’homme n°361 de septembre/octobre 2002 intitulée « Education pour la santé et petite enfance », article : « Favoriser l’estime de soi chez les tout-petits »

Ce sentiment lui permet d’être confiant pour se projeter, continuer d’expérimenter seul et en groupe.
Il a ainsi l’impression d’« être grand », de se réaliser. Il accède à plus d’autonomie et peut prendre ainsi des responsabilités.

Les jeux à règles collectives ou les activités individuelles sont l’occasion pour l’enfant d’intégrer des schémas psychomoteurs et/ou organisationnels qui font « grandir » en s’adjoignant et en se confrontant physiquement et moralement aux autres.



 

Docteur Claude GOUBAULT,
Médecin du sport,
Médecin du CROS Poitou Charentes,
Médecin Fédéral de l’USEP.




La pratique des activités physiques en extérieur

 

Les bienfaits de la pratique en extérieur :

Ils sont d’ordre physiologique et sensoriel mais aussi d’ordre mental en favorisant l’acquisition de l’autonomie

 

  • la sensation d’espace où les mouvements peuvent être amples et variés

  • la sensation d’air libre où la respiration est sans contrainte
  • l’envie de courir dans un environnement « sans limite » sauf celles du respect des règles de sécurité
  • la découverte d’un milieu naturel inconnu et/ou de conditions météo nécessitant une adaptation toutes saisons confondues. La confrontation avec des conditions extérieures permet la stimulation des défenses mises en œuvre par le système immunitaire ce qui n’est pas le cas lors de pratique en salle ou pire, de confinement en milieu clos surchauffé et plus ou moins pollué.
  • l’adaptation nécessaire de la tenue vestimentaire aux conditions météorologiques
  • Le contact avec le rayonnement ultraviolet solaire est nécessaire à la fixation du calcium grâce à la vitamine D. La lumière (visible) émise par le soleil a une action sur le cycle nycthéméral (jour/nuit) et sur l’humeur. Sa chaleur favorise la décontraction musculaire et la bonne humeur.

La thermorégulation est une donnée importante quand on fait pratiquer des activités physiques.

Les muscles à l’effort produisent de l’énergie pour la réalisation des mouvements mais aussi beaucoup de chaleur, ceci à partir des nutriments apportés par l’alimentation. Cette chaleur est évacuée par la peau dans le milieu ambiant. Les échanges de chaleur dépendent des vêtements, de la différence de chaleur entre la peau et l’air ambiant, de la vitesse du vent en relation avec le déplacement de l’enfant et enfin du débit de sueur.

Pratiquer une activité physique dans le froid
Le corps se refroidit plus vite si le rapport surface/masse corporelle est élevé : l’enfant avec une surface corporelle de 400cm²/kg (adulte : 300cm²/kg) élimine plus vite la chaleur due à l’exercice ; quand il fait très froid il faut être très vigilant surtout s'il y a en plus du vent : quand un adulte a froid, l’enfant grelotte, quand un adulte grelotte, un enfant peut mourir de froid ; il faut savoir annuler une sortie en cas de froid venteux. Il suffit sinon de prendre des vêtements chauds (bonnet, gants, chaussures isolantes) et de faire des pauses goûter afin de compenser la dépense énergétique liée à la thermorégulation et les pertes hydriques (les boissons ne doivent pas être trop chaudes : 15 à 20° afin d’éviter des réactions inverses à celles attendues c’est à dire sudation ou frissons).

Pratiquer une activité physique sous la chaleur
En cas de forte chaleur, l’enfant a plus de risques de faire une hyperthermie, ce qui est parfois une urgence vitale malgré les progrès de la réanimation : attention aux signes du « coup de chaleur » qui est le stade premier des troubles dus à la chaleur : rougeur excessive, céphalées sont des signes d’alerte qui indiquent que l’enfant doit être mis au repos à l’ombre, hydraté et surveillé.
Une météo avec forte chaleur et humidité excessive doit parfois contraindre à l’arrêt d’une activité ; en effet l’humidité forte empêche l’évaporation de la sueur.
Une pratique en extérieur est bénéfique mais il faut aussi se protéger pour profiter des bienfaits du soleil.

Lien avec le programme de l’Association Sécurité Solaire « Vivre avec le soleil ».

L’hygiène corporelle :
Elle peut être facilement abordée et expliquée à l’occasion de la pratique physique en extérieur. La production de sueur est un phénomène naturel lié à la thermorégulation ; néanmoins mélangée à la poussière et à la pollution, elle peut devenir une source d’infection si des règles d’hygiène ne sont pas respectées : lavage des mains notamment avant de manger, douche quotidienne, changement de vêtement…
lien avec les fiches pédagogiques sur l’Hygiène
De plus pour éviter la diffusion de maladies infectieuses, les bons gestes de l’hygiène, de la prévention doivent être appris (mouchage, lavage des mains, main devant la bouche lors de la toux…).
Lien avec « Repères physiologiques concernant le souffle » du Comité contre les maladies respiratoires

Docteur Claude GOUBAULT,
Médecin du sport,
Médecin du CROS Poitou Charentes,
Médecin Fédéral de l’USEP.


APS et Alimentation

L’alimentation doit apporter les nutriments correspondant aux objectifs nutritionnels du PNNS (Plan National de Nutrition Santé) :

  • Au moins 5 fruits et/ou légumes par jour.
  • Des produits céréaliers, des pommes de terre et des légumes secs à chaque repas selon l’appétit en limitant les formes très sucrées et très grasses des céréales.
  • Du lait et des produits laitiers 3 fois/jour.
  • Des protéines animales (viande, poisson, œufs) 1 ou 2 fois/jour en limitant les morceaux ou les espèces grasses, les préparations frites et panées.
  • Limiter les matières grasses ajoutées.
  • Limiter les produits sucrés.
  • Limiter la consommation de sel.
  • De l’eau à volonté.

Les 4 repas que sont le petit déjeuner, le déjeuner le goûter et le dîner sont indispensables à l’enfant jeune.
La prise des repas est rythmée par la faim elle-même dépendante du taux de sucre dans le sang. Elle est liée à des facteurs sociaux mais doit être prise en compte pour la mise en place des horaires d’activités physiques car la digestion peut perturber des efforts physiques trop proches de la fin du repas. La régularité de la prise des repas et leur composition permettent de lutter contre le grignotage en limitant la sensation de faim entre les repas.
Une mauvaise alimentation associée à un comportement sédentaire est un facteur majeur de la prise de poids. Lien: le mot de la diet La pratique d’activités physiques aide à la lutte contre le surpoids en augmentant la dépense énergétique.
Les « messages » d’équilibre alimentaire sont souvent délivrés avec efficacité pendant la pratique des activités physiques.
Le comportement sédentaire est d’ailleurs souvent associé à un comportement alimentaire favorisant le surpoids.
Un enfant obèse a 3 à 6 fois plus de risque d’être obèse à l’âge adulte. Les pathologies vasculaires ou le diabète surviennent plus souvent à l’âge adulte chez les personnes en surpoids. Les lésions « non visibles » débutent chez l’enfant obèse et la maladie apparaît à l’âge adulte parfois en l’absence de persistance de l’obésité.
Pendant cette période de fin d’école maternelle il est normal que l’enfant paraisse « maigre » ; c’est une signe de bonne santé et pas de sous alimentation ! Si cette modification d’apparence (« maigreur ») n’est pas notée, il faut s’interroger sur les habitudes alimentaires et le mode de vie (sédentarité) et consulter un médecin.

Docteur Claude GOUBAULT,
Médecin du sport,
Médecin du CROS Poitou Charentes,
Médecin Fédéral de l’USEP.


APS et Souffle

La respiration
La pratique d’activité physique est source de bonne santé respiratoire.
La respiration est une fonction vitale, un automatisme qui peut dépendre aussi d’une commande volontaire.
La cage thoracique, dont le bon fonctionnement conditionne une bonne respiration, se développe parallèlement au système respiratoire.
Les poumons ont acquis vers l’âge de 8 ans toutes les structures pulmonaires nécessaires à leur fonctionnement mais leur maturation se poursuit par la suite et la capacité respiratoire continue d’évoluer.


La pratique d’Activités Physiques

 

La pratique d’activités physiques, l’acquisition d’habitudes et de comportements adaptés dès la petite enfance sont des facteurs favorables à un bon développement du système respiratoire et à la préservation du souffle.

 

Faire découvrir le souffle à l’enfant d’âge maternelle, lui apprendre qu’il est possible de le contrôler, de le maîtriser et de le développer est indispensable tout comme la mise en place de bonnes habitudes d’hygiène (mouchage, qualité de l’environnement…).
C’est l’occasion d’adopter à l’école des comportements favorables qui participeront au développement de la cage thoracique, à l’augmentation de la capacité respiratoire.

 

A tout âge, l’activité physique et le sport aident à renforcer la musculature, facilitent le drainage bronchique, et apportent des bénéfices psychologiques (image positive du corps). L'enfant, contrôlant mieux son souffle, respire ainsi mieux et plus efficacement.

Particularités :
Une maladie comme l’asthme peut bénéficier de la pratique de l’activité physique en favorisant une meilleure connaissance de son corps et en faisant évoluer l’enfant dans des conditions environnementales (humidité importante et chaleur) propices à une respiration plus « physiologique ».
Lien avec « Repères physiologiques concernant le souffle » du Comité contre les maladies respiratoires.

Docteur Claude GOUBAULT,
Médecin du sport,
Médecin du CROS Poitou Charentes,
Médecin Fédéral de l’USEP.


APS et Rythmes de vie

Les rythmes de vie :
L’être humain vit avec des rythmes propres au sein d’un univers qui en comporte aussi. C’est la cohérence entre les deux systèmes qui permet une harmonie.
Qu’ils soient des automatismes ou des cycles modifiables (par la volonté ou les substances absorbées), ils règlent notre vie interne (respiration, digestion, reproduction…) et notre vie relationnelle (veille/sommeil, activité physique, travail, état émotionnel…).
On peut citer également le rythme de la croissance, le rythme cardiaque, la durée de vie d’une cellule (exemple : globule rouge = 100 jours)…
Tous ces rythmes ont leur propre fréquence dans le temps de l’infiniment court à la durée d’une vie.
Leur non respect peut entrainer à court ou long terme des modifications de l’état de santé physique et/ou mentale de l’individu.


Le sommeil :
Pour l’enfant de maternelle, le respect du cycle de veille-sommeil est primordial. Le sommeil nocturne permet la croissance harmonieuse de l’enfant : sécrétion de l’hormone de croissance durant les phases de sommeil lent et profond. La réparation de la fatigue corporelle s’effectue également durant les phases de sommeil lent et profond lors du sommeil nocturne, mais aussi, lors de la sieste encore persistante à cet âge. La récupération mentale s’effectue, elle, durant le sommeil paradoxal.
L’état d’éveil correspond à un niveau de vigilance soutenue qui augmente avec l’âge et qui dépend étroitement du respect du temps et des conditions de sommeil (régularité des horaires du coucher et du lever, absence de nuisance sonore, de chaleur excessive…).

Les activités physiques et sportives :
Les activités physiques se pratiquent de façon optimale à partir de 10h le matin ou après la sieste en respectant une période de remise en train.
Le jeu et les activités physiques aident à respecter ce rythme veille sommeil. Leur pratique dépend aussi de ce rythme.
Certaines gestuelles ont une cadence automatique mais modulable (exemple : cycles alternatifs de la marche…) ou construite sur l’activité physique en fonction de rythmes internes (pédalage, foulée, coups de pagaie, cycles de bras en natation…réglés sur le rythme respiratoire).

 


L’adéquation entre respect des rythmes et mise en place d’activités physiques concourent à un état de bien être physique et mental, sachant que le jeune enfant est très sensible à la sécurité engendrée par ces respects.


L’activité physique, dans ces conditions, devient un élément structurant des rythmes de vie.

 

 

Docteur Claude GOUBAULT,
M édecin du sport,
M édecin du CROS Poitou Charentes,
M édecin Fédéral de l’USEP.