APS :
des enjeux
Permettre
le développement harmonieux de l’enfant :
Plus
il y a de richesse dans le vécu moteur d’un enfant et
plus celui-ci développera une personnalité harmonieuse
en accord avec son évolution corporelle.
Les
adaptations physiologiques, cardiaques et respiratoires développées
par la pratique d’activités physiques contribuent au
développement mental et permettent une vie sociale.
La
richesse du vécu moteur ne doit pas laisser oublier que
l’enfant a aussi besoin de moments de rêverie lors
desquels il intègre les apprentissages réalisés
préalablement et s’approprie son univers avec plaisir.
La
pratique d’activités physiques et sportives dans le
respect des rythmes de vie de l’enfant, lui permettra d’accéder
ainsi à un bien être physique, mental et social.
Lutter
contre la sédentarité:
Le
Plan National Nutrition Santé qui s’inscrit dans un
programme d’envergure mondial (Organisation Mondiale de la
Santé : OMS) recommande d’augmenter le temps
consacré quotidiennement aux activités physiques et
sportives et ce, chez l’enfant comme chez l’adulte.
Ce
programme est un essai de réponse pour lutter notamment contre
la sédentarité en constante progression chez l’enfant :
augmentation du temps passé devant la télévision,
l’écran d’ordinateur, la console de jeux et
simultanément, la diminution des déplacements à
pied et des activités quotidiennes à dépense
énergétique.
La
sédentarité associée à une mauvaise
alimentation est la cause majeure de l’obésité
chez l’enfant qui ne cesse de croître. Actuellement plus
de 15% des enfants souffrent de surpoids.
Les
répercussions sont également importantes dans la
construction de la vie sociale et au plan de la santé mentale.
C’est pourquoi, il est
essentiel, tout en respectant les rythmes de l’enfant, de :
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Docteur
Claude GOUBAULT,
Médecin
du sport,
Médecin
du CROS Poitou Charentes,
Médecin
Fédéral de l’USEP.
APS et Développement Psychomoteur
Entre
2 et 6 ans le cerveau de l’enfant atteint environ 90% du
poids du cerveau adulte et les fibres nerveuses se myélinisent,
ce qui accroît la capacité de traitement de
l’information et permet l’amélioration de la
précision des mouvements. Cette période est
caractérisée par un grand besoin de mouvement et de
jeu, une grande curiosité pour tout ce qui est inconnu,
l’affabulation et une grande disponibilité pour les
apprentissages ; par contre il y a une faible capacité de
concentration. La pensée est intuitive, concrète,
pratique, liée aux expériences personnelles et
accompagnées de beaucoup d’émotivité.
Pendant
la petite enfance, l’enfant maîtrise la course mais
avec peu de vitesse ; il saute, il grimpe, il danse et glisse
avec de moins en moins de pertes d’équilibre (lien
mot du kiné) ; il fait des roulades et autres
gestes « aventureux »; il imite certains
mouvements ; il est capable de rapprocher ou d’éloigner
avec les pieds une balle devant lui.
Ceci
lui permet de développer entre autres des capacités
motrices telles que :
la vitesse, la force, l’endurance,
la souplesse et l’agilité, la coordination.
Cette
période correspond au début de la latéralisation.
Les
activités motrices doivent être variées et
solliciter aussi l’imagination ; les activités
physiques doivent être présentées sous forme
ludique : joyeuses, divertissantes, avec des histoires mimées,
et doivent permettre des autorésolutions des tâches
motrices par « essais-erreurs ».
L’enfant
doit acquérir au cours de cet « âge
d’or » une multitude d’habiletés
motrices simples qui serviront de base pour les apprentissages des
périodes suivantes.
Le
petit enfant n’est pas capable d’efforts de longue
durée si l’intensité est forte et la
pratique uniforme ; un marathon n’est pas une activité
pour un enfant !
Par
contre, l’enfant récupère vite. Il peut donc
répéter des activités motrices presque
identiques à condition que les tâches soient espacées
de quelques minutes et présentées comme étant
différentes afin que la lassitude mentale n’apparaisse
pas.
L’effort
de longue durée est envisageable et bénéfique
sous forme, par exemple, de randonnée pédestre sous
certaines conditions : une intensité modérée,
des pauses dès que l’enfant en éprouve le besoin,
un sens et un but donné à la randonnée ce qui
permettra de garder intacte la motivation de l’enfant.
L’endurance
reste la base de l’entrainement et du développement de
chaque enfant.
APPROCHE
PSYCHOLOGIQUE
Par
les expériences motrices, l’enfant peut développer
les capacités de son cerveau. En effet c’est par le
grand nombre des apprentissages que les connexions interneuronales
(cellules nerveuses) se développeront le plus et qu’elles
seront plus efficaces sachant que chaque mouvement crée des
connexions nouvelles.
Cette
stimulation, sans être excessive, est indispensable à la
création des réseaux nerveux.
Cela
permet à l’enfant de s’ouvrir au monde et aux
autres, de construire la perception qu’il a de lui-même
et d’affiner la vision que les autres ont de lui.
Plus
il y a de richesse dans le vécu moteur d’un enfant et
plus celui-ci développera une personnalité harmonieuse
en accord avec son évolution corporelle.
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L’enfant
sera ainsi capable, grâce au mouvement, d'avoir des
ressources propres pour adapter de façon pertinente sa
conduite aux diverses contraintes et sollicitations extérieures.
Avec
l’élaboration progressive du langage et la mise
en action du corps, l’enfant peut entrer en relation avec
le monde et les autres. Le jeu occupe alors une place primordiale à
condition qu’il ne demande pas une concentration, ni une
vigilance trop élevées et qu’il respecte le
niveau de concentration d’un enfant de cet âge.
Le
plaisir ressenti par la réalisation des mouvements et le jeu permet à l’enfant de continuer
l’expérimentation. Le sentiment de sécurité
générale et affective entretiendra d’autant plus
cette motivation qu’elle sera renforcée par une
valorisation extérieure (adultes, pairs) L’enfant
acquiert ainsi les bases de la construction d’une image de soi
positive*.
*Cf :
revue La santé de l’homme n°361 de septembre/octobre
2002 intitulée « Education pour la santé
et petite enfance », article : « Favoriser
l’estime de soi chez les tout-petits »
Ce sentiment lui permet d’être
confiant pour se projeter, continuer d’expérimenter seul
et en groupe.
Il
a ainsi l’impression d’« être
grand », de se réaliser. Il accède à
plus d’autonomie et peut prendre ainsi des responsabilités.
Les jeux à règles
collectives ou les activités individuelles sont l’occasion
pour l’enfant d’intégrer des schémas psychomoteurs et/ou organisationnels qui font « grandir »
en s’adjoignant et en se confrontant physiquement et moralement
aux autres.
|
Docteur
Claude GOUBAULT,
Médecin
du sport,
Médecin
du CROS Poitou Charentes,
Médecin
Fédéral de l’USEP.
La pratique des activités physiques en extérieur
Les
bienfaits de la pratique en extérieur :
Ils
sont d’ordre physiologique et sensoriel mais aussi d’ordre
mental en favorisant l’acquisition de l’autonomie
-
la
sensation d’espace où les mouvements peuvent être
amples et variés
-
la
sensation d’air libre où la respiration est sans
contrainte
-
l’envie
de courir dans un environnement « sans limite »
sauf celles du respect des règles de sécurité
-
la
découverte d’un milieu naturel inconnu et/ou de
conditions météo nécessitant une adaptation
toutes saisons confondues. La confrontation avec des conditions
extérieures permet la stimulation des défenses mises
en œuvre par le système immunitaire ce qui n’est
pas le cas lors de pratique en salle ou pire, de confinement en
milieu clos surchauffé et plus ou moins pollué.
-
l’adaptation
nécessaire de la tenue vestimentaire aux conditions
météorologiques
-
Le contact avec le rayonnement ultraviolet solaire est nécessaire à la fixation du calcium grâce à la vitamine D. La lumière (visible) émise par le soleil a une action sur le cycle nycthéméral (jour/nuit) et sur l’humeur. Sa chaleur favorise la décontraction musculaire et la bonne humeur.
La
thermorégulation est une donnée importante quand on
fait pratiquer des activités physiques.
Les
muscles à l’effort produisent de l’énergie
pour la réalisation des mouvements mais aussi beaucoup de
chaleur, ceci à partir des nutriments apportés par
l’alimentation. Cette chaleur est évacuée par la
peau dans le milieu ambiant. Les échanges de chaleur dépendent
des vêtements, de la différence de chaleur entre la peau
et l’air ambiant, de la vitesse du vent en relation avec le
déplacement de l’enfant et enfin du débit de
sueur.
Pratiquer
une activité physique dans le froid
Le
corps se refroidit plus vite si le rapport surface/masse corporelle
est élevé : l’enfant avec une surface
corporelle de 400cm²/kg (adulte : 300cm²/kg) élimine
plus vite la chaleur due à l’exercice ; quand il
fait très froid il faut être très vigilant
surtout s'il y a en plus du vent : quand un adulte a froid,
l’enfant grelotte, quand un adulte grelotte, un enfant peut
mourir de froid ; il faut savoir annuler une sortie en cas
de froid venteux. Il suffit sinon de prendre des vêtements
chauds (bonnet, gants, chaussures isolantes) et de faire des pauses
goûter afin de compenser la dépense énergétique
liée à la thermorégulation et les pertes
hydriques (les boissons ne doivent pas être trop chaudes : 15
à 20° afin d’éviter des réactions
inverses à celles attendues c’est à dire sudation
ou frissons).
Pratiquer
une activité physique sous la chaleur
En
cas de forte chaleur, l’enfant a plus de risques de faire une
hyperthermie, ce qui est parfois une urgence vitale malgré les
progrès de la réanimation : attention aux signes
du « coup de chaleur » qui est le stade
premier des troubles dus à la chaleur : rougeur
excessive, céphalées sont des signes d’alerte qui
indiquent que l’enfant doit être mis au repos à
l’ombre, hydraté et surveillé.
Une
météo avec forte chaleur et humidité excessive
doit parfois contraindre à l’arrêt d’une
activité ; en effet l’humidité forte empêche
l’évaporation de la sueur.
Une
pratique en extérieur est bénéfique mais il
faut aussi se protéger pour profiter des bienfaits du soleil.
Lien avec le programme de l’Association Sécurité Solaire « Vivre avec le soleil ».
L’hygiène
corporelle :
Elle
peut être facilement abordée et expliquée à
l’occasion de la pratique physique en extérieur. La
production de sueur est un phénomène naturel lié
à la thermorégulation ; néanmoins mélangée
à la poussière et à la pollution, elle peut
devenir une source d’infection si des règles d’hygiène
ne sont pas respectées : lavage
des mains notamment avant de manger, douche quotidienne, changement
de vêtement…
lien avec
les fiches pédagogiques sur l’Hygiène
De
plus pour éviter la diffusion de maladies infectieuses, les
bons gestes de l’hygiène, de la prévention doivent
être appris (mouchage, lavage des mains, main devant la bouche
lors de la toux…).
Lien
avec « Repères physiologiques concernant le
souffle » du Comité contre les maladies
respiratoires
Docteur
Claude GOUBAULT,
Médecin
du sport,
Médecin
du CROS Poitou Charentes,
Médecin
Fédéral de l’USEP.
APS et Alimentation
L’alimentation doit apporter les nutriments correspondant aux objectifs
nutritionnels du PNNS (Plan National de Nutrition Santé) :
-
Au
moins 5 fruits et/ou légumes par jour.
-
Des
produits céréaliers, des pommes de terre et des
légumes secs à chaque repas selon l’appétit
en limitant les formes très sucrées et très
grasses des céréales.
-
Du
lait et des produits laitiers 3 fois/jour.
-
Des
protéines animales (viande, poisson, œufs) 1 ou 2
fois/jour en limitant les morceaux ou les espèces grasses,
les préparations frites et panées.
-
Limiter
les matières grasses ajoutées.
-
Limiter
les produits sucrés.
-
Limiter
la consommation de sel.
-
De
l’eau à volonté.
Les
4 repas que sont le petit déjeuner, le déjeuner le
goûter et le dîner sont indispensables à l’enfant
jeune.
La
prise des repas est rythmée par la faim elle-même
dépendante du taux de sucre dans le sang. Elle est liée
à des facteurs sociaux mais doit être prise en compte
pour la mise en place des horaires d’activités physiques
car la digestion peut perturber des efforts physiques trop proches de
la fin du repas. La
régularité de la prise des repas et leur composition
permettent de lutter contre le grignotage en limitant la sensation de
faim entre les repas.
Une
mauvaise alimentation associée à un comportement
sédentaire est un facteur majeur de la prise de poids. Lien: le mot de la diet La
pratique d’activités physiques aide à la lutte
contre le surpoids en augmentant la dépense énergétique.
Les
« messages » d’équilibre
alimentaire sont souvent délivrés avec efficacité
pendant la pratique des activités physiques.
Le
comportement sédentaire est d’ailleurs souvent associé
à un comportement alimentaire favorisant le surpoids.
Un
enfant obèse a 3 à 6 fois plus de risque d’être
obèse à l’âge adulte. Les pathologies
vasculaires ou le diabète surviennent plus souvent à
l’âge adulte chez les personnes en surpoids. Les lésions
« non visibles » débutent chez l’enfant
obèse et la maladie apparaît à l’âge
adulte parfois en l’absence de persistance de l’obésité.
Pendant
cette période de fin d’école maternelle il est
normal que l’enfant paraisse « maigre » ;
c’est une signe de bonne santé et pas de sous
alimentation ! Si cette modification d’apparence
(« maigreur ») n’est pas notée, il
faut s’interroger sur les habitudes alimentaires et le mode de
vie (sédentarité) et consulter un médecin.
Docteur
Claude GOUBAULT,
Médecin
du sport,
Médecin
du CROS Poitou Charentes,
Médecin
Fédéral de l’USEP.
APS et Souffle
La respiration
La
pratique d’activité physique est source de bonne santé
respiratoire.
La
respiration est une fonction vitale, un automatisme qui peut dépendre
aussi d’une commande volontaire.
La
cage thoracique, dont le bon fonctionnement conditionne une bonne
respiration, se développe parallèlement au système
respiratoire.
Les
poumons ont acquis vers l’âge de 8 ans toutes les
structures pulmonaires nécessaires à leur
fonctionnement mais leur maturation se poursuit par la suite et la
capacité respiratoire continue d’évoluer.
La
pratique d’Activités Physiques
La
pratique d’activités physiques, l’acquisition
d’habitudes et de comportements adaptés dès la
petite enfance sont des facteurs favorables à un
bon développement du système respiratoire et à
la préservation du souffle. |
Faire
découvrir le souffle à l’enfant d’âge
maternelle, lui apprendre qu’il est possible de le contrôler,
de le maîtriser et de le développer est indispensable
tout comme la mise en place de bonnes habitudes d’hygiène
(mouchage, qualité de l’environnement…).
C’est
l’occasion d’adopter à l’école des
comportements favorables qui participeront au développement de
la cage thoracique, à l’augmentation de la capacité
respiratoire.
A tout âge, l’activité
physique et le sport aident à renforcer la musculature, facilitent
le drainage bronchique, et apportent des bénéfices
psychologiques (image positive du corps). L'enfant, contrôlant
mieux son souffle, respire ainsi mieux et plus efficacement. |
Particularités :
Une
maladie comme l’asthme peut bénéficier de la
pratique de l’activité physique en favorisant une
meilleure connaissance de son corps et en faisant évoluer
l’enfant dans des conditions environnementales (humidité
importante et chaleur) propices à une respiration plus
« physiologique ».
Lien
avec « Repères physiologiques concernant le
souffle » du Comité contre les maladies
respiratoires.
Docteur
Claude GOUBAULT,
Médecin
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Fédéral de l’USEP.
APS et Rythmes de vie
Les
rythmes de vie :
L’être
humain vit avec des rythmes propres au sein d’un univers qui en
comporte aussi. C’est la cohérence entre les deux
systèmes qui permet une harmonie.
Qu’ils
soient des automatismes ou des cycles modifiables (par la volonté
ou les substances absorbées), ils règlent notre vie
interne (respiration, digestion, reproduction…) et notre vie
relationnelle (veille/sommeil, activité physique, travail,
état émotionnel…).
On
peut citer également le rythme de la croissance, le
rythme cardiaque, la durée de vie d’une cellule
(exemple : globule rouge = 100 jours)…
Tous
ces rythmes ont leur propre fréquence dans le temps de
l’infiniment court à la durée d’une vie.
Leur
non respect peut entrainer à court ou long terme des
modifications de l’état de santé physique et/ou
mentale de l’individu.
Le
sommeil :
Pour
l’enfant de maternelle, le respect du cycle de veille-sommeil
est primordial. Le sommeil nocturne permet la croissance harmonieuse
de l’enfant : sécrétion de l’hormone de
croissance durant les phases de sommeil lent et profond. La
réparation de la fatigue corporelle s’effectue
également durant les phases de sommeil lent et profond lors du
sommeil nocturne, mais aussi, lors de la sieste encore persistante à
cet âge. La récupération mentale s’effectue,
elle, durant le sommeil paradoxal.
L’état
d’éveil correspond à un niveau de vigilance
soutenue qui augmente avec l’âge et qui dépend
étroitement du respect du temps et des conditions de sommeil
(régularité des horaires du coucher et du lever,
absence de nuisance sonore, de chaleur excessive…).
Les
activités physiques et sportives :
Les
activités physiques se pratiquent de façon optimale à
partir de 10h le matin ou après la sieste en respectant une
période de remise en train.
Le
jeu et les activités physiques aident à respecter ce
rythme veille sommeil. Leur pratique dépend aussi de ce
rythme.
Certaines
gestuelles ont une cadence automatique mais modulable (exemple :
cycles alternatifs de la marche…) ou construite sur l’activité
physique en fonction de rythmes internes (pédalage, foulée,
coups de pagaie, cycles de bras en natation…réglés
sur le rythme respiratoire).
L’adéquation entre
respect des rythmes et mise en place d’activités
physiques concourent à un état de bien être
physique et mental, sachant que le jeune enfant est très
sensible à la sécurité engendrée par ces
respects.
L’activité
physique, dans ces conditions, devient un élément
structurant des rythmes de vie.
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Docteur
Claude GOUBAULT,
M édecin
du sport,
M édecin
du CROS Poitou Charentes,
M édecin
Fédéral de l’USEP.
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