REPÈRES MÉDICAUX
Activités
Physiques et Sportives Des enjeux |
1. Permettre le développement harmonieux de l'enfant
Le développement d'une personnalité harmonieuse en accord avec l'évolution corporelle, nécessite chez l’enfant un vécu moteur riche et varié. Cette pratique des activités physiques, outre les adaptations physiologiques, cardiaques et respiratoires qu'elle développe, contribue également au développement mental et permet la construction d’une vie sociale. Mais un développement harmonieux ne saurait se contenter d'une pratique physique riche et variée : l'intégration des apprentissages antérieurs, l'appropriation plaisante de l’univers, nécessitent des moments de rêverie. La pratique d'activités physiques et sportives dans le respect des rythmes de vie permettra ainsi à l’enfant d'accéder à la santé en tant qu’état de bien être physique, mental et social.
2. Lutter contre la sédentarité
Actuellement un enfant sur six présente un excès de poids. L’augmentation de la prévalence de l’obésité au cours des dernières années a concerné les populations défavorisées et les formes graves1. La sédentarité (augmentation du temps passé devant la télévision, l'écran d'ordinateur, la console de jeux et simultanément, diminution des déplacements à pied et des activités quotidiennes à dépense énergétique) est en constante progression chez l'enfant ; associée à une alimentation déséquilibrée, elle est la cause majeure de l'augmentation constatée du nombre de cas d'obésité. Le surpoids et l'obésité ont des répercussions également importantes sur la santé mentale et dans la construction de la vie sociale.
En réponse à ces problèmes de santé, le Programme National Nutrition Santé, dont les recommandations s’inscrivent dans la logique de celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), recommande d'augmenter le temps consacré quotidiennement aux activités physiques et sportives et ce, chez l'enfant comme chez l'adulte.
3. Le Programme National Nutrition Santé 2011-2015
a. Objectifs prioritaires concernant le mode de vie des enfants et des adolescents
En 5 ans, faire en sorte qu’au moins 50% d’enfants et adolescents de 3 à 17 ans aient une activité physique d’intensité élevée trois fois par semaine pendant au moins une heure.
En 5 ans, diminuer au moins de 10% le temps moyen journalier passé par les enfants et les adolescents de 3 à 17 ans devant un écran2. »
b. Repères d’activité physique
Deux niveaux d’activités physiques et sportives (APS) doivent être développés :
L’activité physique au quotidien pour tous, durant les temps de trajets, de loisirs et de travail, complétée par une activité physique encadrée régulière.
L’activité physique adaptée pour les personnes particulièrement vulnérables, qu’il s’agisse de populations défavorisées, en situation de handicap, de personnes atteintes de maladies chroniques ou de personnes âgées3.
4. Point sur les recommandations pour les enfants et les adolescents
a. Les recommandations de l’OMS
L’Organisation Mondiale de la Santé formule pour la classe d’âge des 5-17 ans les recommandations suivantes : Pour les enfants et les jeunes gens, l’activité physique englobe notamment le jeu, les sports, les déplacements, les tâches quotidiennes, les activités récréatives, l’éducation physique ou l’exercice planifié, dans le contexte familial, scolaire ou communautaire. Pour améliorer l’endurance cardio-respiratoire, la forme musculaire, l’état osseux et les marqueurs biologiques cardio-vasculaires et métaboliques, les recommandations suivantes ont été retenues :
1. Les enfants et jeunes gens âgés de 5 à 17 ans devraient accumuler au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à soutenue.
2. Le fait de pratiquer une activité physique pendant plus de 60 minutes apporte un bénéfice supplémentaire pour la santé.
3. L’activité physique quotidienne devrait être essentiellement une activité d’endurance. Des activités d’intensité soutenue, notamment celles qui renforcent le système musculaire et l’état osseux, devraient être incorporées au moins trois fois par semaine. 4.
b. Les repères du PNNS (site Manger-Bouger)
Les enfants aussi ont besoin de bouger, et même plus que les adultes. Pour eux, il est recommandé de pratiquer une activité physique modérée plus d’une heure par jour. Plus tôt les enfants prennent l’habitude d’être actif, plus longtemps ils garderont ce bon réflexe !
Votre enfant ne doit pas obligatoirement faire du sport, l’idée est plutôt de lui donner chaque jour les moyens de s’activer et de se défouler. Vous n’avez besoin que d’un peu d’espace : jeux de ballon, jeux de plein air (toboggan, balançoire…), balade en famille, sortie vélo, parcours de santé. Participez à ces jeux avec votre enfant : cela vous permettra aussi de bouger plus.
N’oubliez pas que pour les enfants, les activités très sédentaires sont à éviter (TV, ordinateur). Non seulement l’activité physique est proche de zéro pendant ces activités, mais en plus, elles s’accompagnent souvent de grignotages d’aliments dont la consommation est à limiter (chips, gâteaux, boissons sucrées…)5.
Pour en savoir plus consulter www.mangerbouger.fr.
3. En conclusion
C'est pourquoi, il est essentiel, tout en respectant les rythmes de vie de l'enfant :
De proposer chaque jour des temps et des espaces de jeux permettant la pratique d'une activité physique.
D’intégrer des comportements actifs (ex : marche…) dans le quotidien de la vie de chaque enfant.
D’encourager et de valoriser la pratique physique et sportive de votre enfant.
Docteur Claude GOUBAULT
Médecin du sport
Médecin fédéral de l’USEP 2006-2009
Marie-France LE GAL
Médecin de santé publique. Membre ASCOMED
Médecin fédéral depuis 2010
1. Plan Obésité 2010-2013, p. 5.
2. PNNS 2011-2015, p. 25.
3. PNNS 2011-2015 p. 26.
4. Recommandations mondiales sur l’activité physique pour la santé, Niveaux d’activité physique pour la santé recommandés pour la population, Classe d’âge : 5-17 ans, Organisation mondiale de la santé (0MS), 2010, p. 20.
5. http://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/comment-bouger-plus-au-quotidien/pratiquer-une-activite-physique-quotidienne.html
REPÈRES MÉDICAUX
Activités
Physiques et Sportives et Développement psychomoteur |
1. Entre deux et six ans
Entre deux et six ans, le cerveau de l’enfant se développe et atteint environ 90% du poids d’un cerveau adulte. Les fibres nerveuses se myélinisent. La capacité de traitement de l’information s’accroît et la précision des mouvements s’en trouve améliorée.
Cette période de l’enfance est caractérisée par un grand besoin de mouvement et de jeu, une grande curiosité pour tout ce qui est inconnu, une tendance à l’affabulation et une grande disponibilité pour les apprentissages. Par contre, durant cette époque, l’enfant a une faible capacité de concentration. Sa pensée est intuitive, concrète, pratique, liée aux expériences personnelles. Son comportement est empreint de beaucoup d’émotivité.
Entre deux et six ans, l’enfant se latéralise. Des capacités motrices telles que la vitesse, la force, l’endurance, la souplesse et l’agilité, la coordination se développent. L’enfant maîtrise la course mais avec une efficacité limitée. Il saute, il grimpe, il danse et glisse. Il améliore progressivement son équilibre (Annexe n°1 : Le mot du Kiné). Il exécute des roulades et tente d’autres gestes aventureux. Avec ses pieds, il est capable de rapprocher ou d’éloigner une balle posée au sol devant lui.
L’apprentissage s’effectue beaucoup par imitation ou par essais-erreurs. Les activités motrices variées, présentées sous forme ludique (joyeuses, divertissantes, avec des histoires mimées), doivent solliciter l’imagination.
Au cours de cet âge d’or, l’enfant acquiert une multitude d’habiletés motrices simples qui serviront de base aux apprentissages des périodes suivantes.
2. Six ans : période charnière
Les rapports qu’entretient l’enfant avec le monde qui l’entoure se modifient : il affine son schéma corporel, il conquiert son autonomie, il accède à la lecture, il communique par l’écriture.
a. Sur le plan intellectuel
La pensée de l’enfant évolue, lui permettant d’accéder au symbolisme et à la conceptualisation. Le fonctionnement cognitif se détache de la perception momentanée, corrige l’intuition perceptive, passant du stade intuitif au stade opératoire.
L’établissement de relations objectives entre les faits permet l’apparition des notions de conservation et d’invariance. Le domaine d’application de ces dernières dépasse les mathématiques s’appliquant entre autres à la notion de sexe.
Dans l’activité de l’enfant, le jeu occupe encore une place primordiale. Les possibilités de concentration et de vigilance augmentent par rapport à la période précédente mais elles restent encore perfectibles.
b. Sur le plan affectif
Vers l’âge de six ans, l’enfant entre dans la phase de latence. La curiosité sexuelle diminue et l’énergie ainsi libérée se redéploie vers de nouveaux buts. C’est ainsi que les pulsions antérieures se subliment (transposition d’une pulsion en un but élaboré) et vont soutenir les efforts déployés pour l’acquisition des savoirs scolaires et culturels ainsi que ceux utilisés dans le cadre de la formation des sentiments sociaux.
L’enfant devient plus autonome. Il prend une certaine indépendance à l’égard de sa famille et notamment de sa mère, s’éloignant ainsi de cette présence sécurisante. D’autres adultes prennent le relais des parents.
Le travail de reconstruction de la personnalité qui s’opère conduit l’enfant vers une période de sa vie où il peut être à la fois instable, opposant, coléreux et dans un même temps sensible et vulnérable.
Cette époque va permettre à l’enfant de se construire une image de soi positive1. Il a besoin d’être rassuré, valorisé. À travers les activités physiques et le jeu, il expérimente puis acquiert des savoirs nouveaux. Le plaisir ressenti, la motivation qui s’exerce dans un sentiment de sécurité générale et affective sont deux éléments qui, renforcés par une valorisation extérieure (adultes, pairs), contribuent à la construction de cette image de soi qui sera effective vers l’âge de sept-huit ans. Il sera alors en capacité de jeter un regard critique sur lui-même.
c. Sur le plan physique
S’appuyant sur des bases ayant permis la construction d’une bonne image du corps dans l’espace ainsi que l’acquisition d’une bonne condition physique, le schéma corporel se met en place, permettant la production de mouvements plus amples que dans la période précédente, mieux coordonnés et s’enchaînant avec fluidité.
Les activités physiques proposées doivent être variées afin de stimuler l’intégration d’un maximum de programmes moteurs. Ces expériences motrices diverses, indispensables à la création des réseaux nerveux, contribuent au développement des capacités du cerveau. En effet, l’exécution de chaque nouveau mouvement crée des connexions interneuronales (synapses entre les neurones) nouvelles et chaque apprentissage réussi renforce les connexions existantes.
L’enfant n’est toujours pas capable d’efforts de longue durée intenses et uniformes. Par contre, il récupère vite ; il peut donc répéter des activités motrices presque identiques à condition que les tâches soient espacées de quelques minutes et présentées comme étant différentes afin de ne pas laisser une certaine lassitude mentale s’installer.
Dans cette période de sa croissance, si l’enfant n’est pas capable d’efforts longs et intenses, il peut, au contraire, et avec bénéfice, pratiquer l’endurance qui est à la base du développement des capacités physiques.
Cette
tâche d’endurance, d’intensité modérée, exécutée au cours
d’un exercice motivant faisant sens et but pour l’enfant, sera
fractionnée par de multiples pauses permettant une récupération
adaptée aux besoins. Par exemple, une randonnée pédestre ponctuée
d’énigmes culturelles et d’exercices moteurs permettant de
maintenir la motivation et d’introduire les pauses nécessaires
serait un type d’activité développant les capacités d’endurance
tout à fait adapté aux enfants de cette tranche d’âge.
d. Sur le plan social
La pratique des activités physiques confère à l’enfant les ressources propres nécessaires pour adapter de façon pertinente sa conduite aux diverses contraintes et sollicitations extérieures. L’enfant peut, à travers ces pratiques, construire la perception qu’il a de lui-même (image de soi) et affiner la vision que les autres ont de lui ; il peut ainsi s’ouvrir au monde et aux autres.
Le comportement de l’enfant évolue. L’élaboration progressive du langage et la mise en action du corps pendant la petite enfance lui ont permis d’entrer en relation avec le monde et les autres. Maintenant, il est capable de comportements socialisés : respect des autres, conscience de leurs qualités, collaboration, préoccupation d’autrui. Les groupes d’enfants qui se constituent spontanément commencent à inventer leurs propres règles. Le groupe devient le lieu où l’on respecte des valeurs et où l’on applique des règles.
3. Entre sept et onze ans
a. Sur le plan intellectuel
Entre sept et onze ans, sur le plan intellectuel, c’est le stade des opérations d’abord concrètes (l’enfant à besoin de manipuler des objets pour raisonner correctement) puis formelles (il apprend à manier les idées seules).
L’enfant acquiert de façon de plus en plus précise un sens de ses limites et de ses droits. Il est assoiffé de connaissances, il a du bon sens et veut améliorer ses capacités, il est capable d’élaborer des projets.
Il acquiert progressivement les premiers invariants (choses qui conservent leur qualité quelles que soient leurs représentations) : tout d’abord la quantité, puis la longueur, le poids et enfin le volume. Vers sept-huit ans, il se montre capable d’une plus grande abstraction et intègre la notion de conservation.
L’enfant commence à conceptualiser et à créer des raisonnements logiques avec un rapport direct au concret. Un certain degré d’abstraction lui permet d’aborder de nouvelles notions, de résoudre des problèmes mais toujours en relation avec des phénomènes observables. Il va appréhender la réalité d’une manière beaucoup plus efficace qu'auparavant en s’appuyant sur la maîtrise de connaissances logiques.
Petit à petit, il devient capable de se concentrer plus longtemps, d’avoir beaucoup d’ardeur, d’enthousiasme et d’émotions. Il exagère parfois ses manifestations émotives et peut commencer à s’opposer à son entourage.
L’enfant peut se trouver un idéal, avoir des idoles et avoir un intérêt pour les idées, la morale et le sentiment religieux. Il est conscient de sa personne et de son aspect.
b. Sur le plan affectif
La période de latence commence vers cinq-six ans pour se terminer à la puberté. C'est une période de ralentissement psychoaffectif. Cette période se caractérise par un refoulement de la sexualité infantile, par un renforcement de la personnalité et des liens sociaux, ainsi que par un calme relatif dans la relation aux adultes. L’enfant refoule ses pulsions sexuelles et les sublime en les mettant au service du savoir. Ses activités et préoccupations sexuelles ne disparaissent pas mais cessent d’être auto-érotiques pour s’attacher à des objets extérieurs. C’est l’âge des premières amours, de l’apparition de la pudeur et du dégoût.
L'enfant organise sa personnalité. Il a passé le cap de l'Œdipe et assimilé la loi sociale ; la lecture en tant que code lui est maintenant accessible. Son rapport aux mots va se trouver transformé. Il devient progressivement capable de prendre de la distance par rapport à la parole de l’adulte. L’enfant s’ouvre au monde et peut envisager des événements qui surviennent en dehors de sa propre vie.
Il a de plus en plus conscience de son corps, de ses différences et des différences filles/garçons. À la préadolescence, il aura besoin d’être rassuré sur sa normalité. La phase de latence se terminera vers dix-onze ans et s’ouvrira sur les conflits de la préadolescence et de l’adolescence.
c. Sur le plan physique
Chez l’enfant, la croissance n’est pas constante : les différentes parties du corps ne se développent pas toutes au même moment. Les enfants ne grandissent pas tous en même temps. Souvent la croissance en taille vient en premier, suivie de la croissance en masse musculaire qui se fait à retardement. La croissance physique de l’enfant à cette période est importante, elle signifie que l’enfant rentre dans la période de pré-puberté. Celle-ci est de plus en plus précoce. Elle s’accompagne d’une perturbation de l’image de soi, perturbation accentuée par la perception des inégalités du développement des enfants de la même tranche d’âge.
Sur le plan physique, on constate une augmentation de la vitesse de l’exécution, une augmentation graduelle de la coordination et une plus grande compétence dans l’exécution de gestes moteurs précis. La coordination des mouvements augmente et s’affine : l’enfant maîtrise de mieux en mieux l’écriture, il manipule les outils avec de plus en plus d’adresse, il peut exécuter certains mouvements (par exemple gymniques) de plus en plus complexes. La coordination visuelle et motrice s’améliore nettement (par exemple : drible et tir au but avec une plus grande précision). Il y a un progrès sensible de la capacité à combiner différentes habiletés motrices dans des mouvements rapides et il y a une amélioration de la diversification du rythme des actions motrices. Il se produit un accroissement rapide des capacités d'apprentissage technique.
La force s’accroît de façon importante, même si le coefficient de force musculaire reste relativement faible. Les enfants de cet âge se fatiguent rapidement lors des exercices de force, surtout s’il s’agit d’exercices statiques. L’adaptation est meilleure pour les exercices dynamiques impliquant des efforts brefs.
L’équilibration est comparable à celle observée chez l’adulte quant à l’organisation des ajustements posturaux. La vision reprend un rôle important et augmentera jusqu’à l’âge adulte. Les consignes de repères visuels données aux enfants en activité peuvent aider à la réussite de l’exercice proposé.
L’endurance se développe. Le système cardio-respiratoire et la capacité d'endurance sont de plus en plus susceptibles d’être entraînés.
À cet âge, la perception spatiale, c’est à dire la capacité de reconnaître et de comprendre les mouvements des objets et des personnes dans l’espace, se précise. Cette perception se complexifie et permet à l’enfant l’anticipation de ses réactions par rapport à un environnement en mouvement, elle permet également une meilleure lecture de la carte en vue d’exercices d’orientation.
d. Sur le plan social
Vers huit ans, l’enfant passe de l’égocentrisme à l’aptitude à se mettre à la place et saisir les intentions de l’autre (décentration). Il devient plus sensible au monde intérieur de l’autre et peut interpréter ses comportements.
La vie en groupe prend une importance croissante. Il investit le groupe, la collectivité et tout ce qui est de l'ordre des valeurs, des règles communes. Le développement de la coopération et de l’autonomie existe. Les groupes d’enfants commencent à inventer leurs règles de groupe. Il acquiert le sens de la solidarité, de la justice.
Les relations avec les adultes s'allègent. D'autres adultes prennent le relais des parents. L’autonomisation se fait également par rapport à la famille.
L’école et sa structure vont aider l’enfant à consolider ses acquisitions.
Entre dix et treize ans, l’enfant a une vie sociale intense.
4. En conclusion
À six ans, l’enfant est avide d’activités physiques, il aime participer à des jeux régis par des règles, qu’il inventera si elles n’existent pas. Le plaisir ressenti lui permet d’être confiant, de se projeter dans l’avenir.
Plus le vécu moteur d’un enfant sera riche et plus celui-ci développera une personnalité harmonieuse en accord avec son évolution corporelle. L’enfant accède alors à plus d’autonomie et peut prendre ainsi des responsabilités. Il a l’impression d’être grand, de se réaliser.
L’enfant expérimente seul ou en groupe, il se fixe des objectifs et met en œuvre les solutions adéquates acquises après tâtonnements et erreurs, corrections et ajustements. Il aime gagner et il est important de l’amener à relativiser les échecs qui peuvent le décourager.
Entre huit et onze ans l’enfant devient un être sociable, apte à fournir un effort réfléchi. Il devient capable de juger ses performances.
Il maîtrise l’espace et le temps. Il acquiert des gestes de très haut niveau de précision par un entraînement adapté.
Mais il ne faut jamais oublier que l’enfant n’est pas un adulte en miniature et sa mentalité n’est pas seulement différente quantitativement de celle de l’adulte…2.
Par ailleurs, même si l’on a pu établir des repères quant au développement humain, il faut toujours avoir à l’esprit que tous les enfants ne se développent pas au même rythme. Les activités physiques doivent donc être choisies de manière à respecter et favoriser le développement de chacun.
Docteur Claude GOUBAULT
Médecin du sport
Médecin fédéral de l’USEP 2006-2009
Marie-France LE GAL
Médecin de santé publique. Membre ASCOMED
Médecin fédéral depuis 2010
Françoise ZEJGMAN
Psychologue
Membre du pôle médical USEP
1. DUCLOS, G. (2002), Favoriser l’estime de soi chez les tout-petits, Revue « La santé de l’Homme », n°361, septembre-octobre 2002, p. 18.
2 CLAPARÈDE, 1937.
REPÈRES MÉDICAUX
Activités
Physiques et Sportives Pratique en extérieur |
Pratiquer des activités physiques en extérieur apporte incontestablement des bienfaits, mais nécessite quelques précautions. En cas de froid excessif ou de forte chaleur, la prudence est de rigueur. Ces activités peuvent aussi être un support intéressant pour mettre en place une éducation à l’hygiène corporelle.
1. Les bienfaits de la pratique en extérieur
Lors d’une activité physique en extérieur, par exemple une course d’orientation en forêt, l’enfant est confronté à des sensations et des ressentis inhabituels différents de ceux éprouvés lors de pratiques en gymnase ou en salle. On peut noter :
une sensation d’espace où les mouvements peuvent être amples et variés,
une sensation d’air libre où la respiration est sans contrainte,
une envie de courir dans un environnement sans limite.
Les apports biologiques et psychologiques d’un contact avec la nature et l’extérieur sont importants :
le contact avec le rayonnement ultraviolet solaire permet la fixation du calcium grâce à la vitamine D,
la lumière (visible) émise par le soleil a une action sur le cycle nycthéméral (jour/nuit) et sur l’humeur,
la chaleur favorise la décontraction musculaire et la bonne humeur,
la confrontation avec un environnement extérieur permet la stimulation des défenses mises en œuvre par le système immunitaire, ce qui n’est pas le cas lors d’une pratique en salle,
l’activité en milieu naturel permet d’éviter le confinement en milieu clos surchauffé et plus ou moins pollué.
Les activités de pleine nature pratiquées en milieu ouvert favorisent l’acquisition de l’autonomie et permettent :
la découverte d’un milieu naturel inconnu,
la nécessaire adaptation de la tenue vestimentaire et du comportement aux conditions météorologiques quels que soient la saison (hiver, été) et le temps (chaud, froid, sec, pluvieux),
l’apprentissage du respect des règles de sécurité.
2.
Pratiquer une activité physique dans des conditions climatiques
inhabituelles
a. La thermorégulation
Lorsqu’on pratique une activité physique, et encore plus lorsqu’il s’agit d’une activité d’extérieur, il est nécessaire de prendre en compte les phénomènes liés à la thermorégulation et au fonctionnement des muscles.
La transformation des nutriments, apportés par l’alimentation, permet l’approvisionnement du muscle en énergie mais produit également beaucoup de chaleur. Grâce à l’énergie produite, les muscles peuvent fonctionner et contribuer ainsi à la réalisation des mouvements. La chaleur excédentaire est évacuée par la peau dans le milieu ambiant.
Cet échange de chaleur
entre le corps et le milieu qui l’entoure constitue le phénomène
de thermorégulation. Pour que les muscles fonctionnent bien, il faut
que la chaleur excédentaire produite soit évacuée. Cette
évacuation dépend des vêtements (qui sont plus ou moins
conducteurs), de la température extérieure (donc de la différence
de chaleur entre la peau et l’air ambiant) et de la quantité de
sueur produite (qui participe activement à l’évacuation de la
chaleur).
b. Pratiquer une activité physique dans le froid
Quand il fait très froid, il faut être vigilant surtout si le froid s’accompagne de vent.
L’enfant est plus sensible au refroidissement que l’adulte : en effet, le refroidissement du corps est fonction du rapport entre la surface corporelle et la masse (ainsi un adulte à un rapport surface/masse corporelle de 300 cm²/kg ; pour un enfant, ce rapport s’accroît jusqu’à 400 cm²/kg). Plus le rapport est élevé, plus le corps va se refroidir rapidement. L’enfant va donc éliminer la chaleur produite par l’exercice musculaire plus rapidement que l’adulte.
On peut retenir : quand un adulte a froid, un enfant grelotte ; quand un adulte grelotte, un enfant peut mourir de froid.
Précautions à prendre :
En cas de froid venteux, il faut savoir annuler la sortie.
Prendre des vêtements chauds (bonnet, gants, chaussures isolantes). Il est important de protéger les extrémités qui se refroidissent en premier.
Compenser la dépense énergétique (augmentée par le phénomène de thermorégulation) par de fréquentes pauses goûter.
Compenser les pertes hydriques (accentuées par le vent) par des boissons tièdes. Attention ! Les boissons ne doivent pas être trop chaudes : 15 à 20° afin d’éviter des réactions inverses à celles attendues : c’est à dire sudation ou frissons.
c. Pratiquer une activité physique sous la chaleur
En cas de forte chaleur, il faut être vigilant, notamment quant aux risques d’hypothermie.
L’hypothermie peut parfois être une urgence vitale malgré les progrès de la réanimation. Il faut savoir déceler à temps les signes d’alerte : rougeur excessive, céphalées (maux de tête).
L’enfant doit alors impérativement être mis au repos, à l’ombre et hydraté. Il ne doit pas être laissé sans surveillance.
Attention ! Lorsque la chaleur est conjuguée avec une humidité excessive, le danger est accru car l’humidité forte empêche l’évaporation de la sueur et ainsi l’évacuation de la chaleur produite par l’exercice. Il ne faut pas hésiter à arrêter l’activité.
Une pratique en extérieur est bénéfique mais il faut aussi se protéger pour profiter des bienfaits du soleil (Annexe n°1 : Le cadre médical de la sécurité solaire).
3. L’hygiène corporelle
La pratique physique en extérieur peut être une bonne occasion pour aborder l’éducation à l’hygiène dans les domaines de la sueur et de l’hygiène corporelle ainsi que dans les domaines du souffle et de la lutte contre les maladies infectieuses.
La production de sueur est un phénomène naturel lié à la thermorégulation. En plein air, dans un milieu naturel, le sueur se mélange facilement à de la poussière, voire à des particules de pollution, devenant ainsi un foyer d’infection potentiel. Le respect de certaines règles d’hygiène permet d’éviter ce danger :
Se laver les mains, notamment avant de manger.
Se doucher quotidiennement et notamment au retour d’un effort long.
Changer de vêtement après avoir transpiré lors d’une activité physique.
(Annexe n°2 : Hygiène corporelle – Données pour les adultes).
Lors d’une sortie en pleine nature, les enfants peuvent être sensibilisés à la respiration et au souffle. Cela peut être l’occasion de rappeler les bonnes règles d’hygiène qui permettent d’éviter la diffusion des maladies infectieuses :
Se moucher régulièrement lorsqu’on est enrhumé.
Se laver les mains, notamment avant de manger.
Mettre sa main devant sa bouche lorsque l’on tousse.
(Annexe n°3 : Repères physiologiques concernant le souffle).
Docteur Claude GOUBAULT
Médecin du sport
Médecin fédéral de l’USEP 2006-2009
Marie-France LE GAL
Médecin de santé publique. Membre ASCOMED
REPÈRES MÉDICAUX
Activités
Physiques et Sportives et Alimentation |
La délivrance des messages d’équilibre alimentaire durant la pratique des activités physiques et notamment lors de rencontres (en les associant aux moments de pique-nique et de goûter) est un moment privilégié d’éducation à la santé.
1. Repères nutritionnels
L’alimentation des enfants doit respecter certaines recommandations médicales et apporter les nutriments correspondant aux repères de consommation du PNNS (Plan National de Nutrition Santé) http://www.mangerbouger.fr/bien-manger/les-9-reperes/:
3 repas et un goûter par jour à heures régulières.
Au moins 5 fruits et/ou légumes par jour.
Des produits céréaliers, des pommes de terre et des légumes secs à chaque repas selon l’appétit en limitant les formes très sucrées et très grasses des céréales. Des féculents à chaque repas pour rassasier.
Du lait et des produits laitiers (yaourts, fromages) 3 à 4 fois par jour.
Des protéines animales (viande, volaille, poisson, œufs) 1 ou 2 fois par jour en limitant les morceaux ou les espèces grasses, les préparations frites et panées.
De l’eau à volonté, au moins 1 litre par jour. L’eau est la seule boisson indispensable.
Il faut limiter la consommation des matières grasses ajoutées.
Il faut limiter la consommation des produits sucrés et adapter la consommation de glucides à l’activité physique de la journée principalement si cette activité physique est exceptionnellement intense.
La consommation de sel ne doit pas être excessive : en principe du sel dans la cuisson mais pas d’ajout à table.
Pas de grignotage.
Les trois repas (le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner) et le goûter sont indispensables à l’enfant jeune et doivent être pris à des moments réguliers. Le respect de l’équilibre de la composition des repas et de la régularité de leur prise dans la journée permet de limiter la sensation de faim et ainsi d’éviter le grignotage.
Les horaires d’activités physiques doivent prendre en compte le moment des repas car un effort placé immédiatement après un repas peut être perturbé par la digestion.
2. Nutrition, activité physique et surpoids
Être en surpoids dès l’enfance peut avoir des conséquences importantes sur la santé à l’âge adulte. Un enfant obèse a 3 à 6 fois plus le risque d’être obèse à l’âge adulte qu’un enfant dont l’Indice de Masse Corporelle (IMC) est dans la norme.
À l’âge adulte, les personnes en surpoids sont plus souvent victimes de pathologies vasculaires ou de diabète que les personnes dont l’IMC est normal. Les lésions non- visibles de ces maladies débutent chez l’enfant obèse bien que la maladie elle-même n’apparaisse qu’à l’âge adulte et ce, même si l’obésité a disparu.
Une alimentation déséquilibrée, associée à un comportement sédentaire est un facteur majeur favorisant le surpoids (Annexe n°1 : Le mot de la Diet). La pratique d’activités physiques aide à la lutte contre le surpoids en augmentant la dépense énergétique.
Au cours de la croissance, la corpulence varie de manière physiologique. En moyenne, elle augmente la première année de la vie puis elle diminue jusqu'à 6 ans et croît de nouveau jusqu'à la fin de la croissance. Entre 5 et 8 ans, l'apparence peut-être parfois trompeuse. En effet, les enfants ayant une corpulence normale paraissent plutôt minces. C'est pourquoi il est parfois difficile de repérer cliniquement un surpoids en train de se constituer si les courbes de corpulence n'ont pas été tracées auparavant de façon régulière. Notons également qu'au moment du pic de corpulence, vers l'âge d'un an, l'apparence visuelle de l'enfant peut être mal interpretée. L'enfant peut paraître trop gros alors qu'il est de corpulence normale pour cet âge. Ainsi il est conseillé de faire peser et mesurer les enfants deux fois par an afin qu'un professionnel de santé réalise leur courbe de croissance et de corpulence (calcul de l'IMC). Le médecin scolaire, qui effectue le bilan médical de 6 ans sera en mesure de signaler aux parents les éventuels problèmes de surpoids.
Docteur Claude GOUBAULT
Médecin du sport
Médecin fédéral de l’USEP 2006-2009
Marie-France LE GAL
Médecin de santé publique. Membre ASCOMED
Médecin fédéral depuis 2010
REPÈRES MÉDICAUX
Activités
Physiques et Sportives et Système cardio-respiratoire |
1. La respiration
La respiration est une fonction vitale. Le déclenchement de cette fonction est le résultat d’un automatisme mais la respiration peut aussi être commandée volontairement. La cage thoracique (dont le bon fonctionnement conditionne une bonne respiration) et le système respiratoire se développent en parallèle. Vers l’âge de 8 ans, les poumons ont acquis toutes les structures nécessaires à leur fonctionnement, néanmoins leur maturation se poursuit après cet âge et la capacité respiratoire continue d’évoluer.
2. La circulation
Le cœur est un organe vital. C’est un muscle. Il comprend un système de conduction électrique automatique qui assure chacun de ses battements. Cette onde électrique produit la contraction du muscle cardiaque responsable de l'éjection du sang vers les poumons et l'aorte. Le nombre de contractions observées par minutes correspond au rythme cardiaque ou pouls. Le rythme de base des contractions chez l’enfant est quasiment identique à celui de l’adulte mais la souplesse cardiovasculaire de l’enfant lui permet d’atteindre des fréquences cardiaques élevées lors de l’effort.
3. La pratique des activités physiques
La pratique d’activités physiques, l’acquisition d’habitudes et de comportements adaptés dès la petite enfance sont des facteurs favorables à un bon développement du système cardio-respiratoire.
Faire découvrir le souffle à l’enfant dès l’âge de l’école maternelle, lui apprendre qu’il est possible de le contrôler, de le maîtriser et de le développer est indispensable tout comme la mise en place de bonnes habitudes d’hygiène (mouchage, …). Les activités physiques pratiquées à l’école participent au développement de la cage thoracique et à l’augmentation de la capacité respiratoire.
À l’école élémentaire, l’enfant pourra comprendre le rôle du cœur, notamment en tant que muscle. Il pourra constater les effets de l’activité physique sur le rythme cardiaque (pouls) en complément des effets sur le rythme respiratoire.
À tout âge, l’activité physique et le sport aident l'enfant à mieux contrôler son souffle et à développer son coeur. Il pourra ainsi respirer plus efficacement et maintenir un effort plus aisément.
4. Particularités
Une maladie comme l’asthme peut bénéficier de la pratique de l’activité physique en favorisant une meilleure connaissance de son corps et en faisant évoluer l’enfant dans des conditions environnementales (humidité importante et chaleur) propices à une respiration plus physiologique.
Docteur Claude GOUBAULT
Médecin du sport
Médecin fédéral de l’USEP 2006-2009
Marie-France LE GAL
Médecin de santé publique. Membre ASCOMED
Médecin fédéral depuis 2010
REPÈRES MÉDICAUX
Activités
Physiques et Sportives et Rythmes de vie |
1. Les rythmes de vie
L’activité humaine est réglée par des phénomènes périodiques, d’une part l’univers possède ses propres rythmes (jour/nuit, saisons, années, …), d’autre part l’être humain vit également avec ses propres rythmes (cycle veille/sommeil, cycle de la respiration, …). C’est la cohérence entre les deux systèmes qui permet une harmonie.
Les rythmes de notre corps peuvent être classés en deux catégories : ceux basés sur des automatismes (battements cardiaques, …) et ceux sur lesquels une influence peut être exercée (par l’effet de la volonté ou par l’absorption de substances). Notre vie est réglée par une multitude de rythmes : vie interne (cycles de la respiration, de la digestion, de la reproduction, …) ; vie relationnelle (cycles veille/sommeil, activité physique, travail, état émotionnel, …).
La durée des cycles de nos rythmes est extrêmement variable : cela va d’un temps infiniment court à la durée de toute une vie. Le non respect de certains rythmes peut entraîner à court ou à long terme des modifications de l’état de santé physique et/ou mentale de l’individu.
2. Le sommeil
Pour l’enfant le respect du cycle de veille/sommeil est primordial.
Le sommeil nocturne permet la croissance harmonieuse de l’enfant : durant les phases de sommeil lent et profond s’effectuent notamment la sécrétion de l’hormone de croissance et la réparation de la fatigue corporelle ; durant le sommeil paradoxal se tient la récupération mentale.
La réparation de la fatigue corporelle peut aussi s’effectuer lors de la sieste qui, à 6-7 ans, peut être encore nécessaire de temps à autre.
L’état d’éveil correspond à un niveau de vigilance soutenue qui augmente avec l’âge. Cette vigilance dépend étroitement de la durée et des conditions dans lesquelles le sommeil s’effectue (régularité des horaires du coucher et du lever, absence de nuisance sonore, de chaleur excessive, …).
La quantité et la qualité de sommeil sont à maintenir chez les enfants jusqu’aux prémices de la puberté où des adaptations pourront s’envisager en fonction de chaque individu.
3. Les activités physiques et sportives
Les activités physiques se pratiquent de façon optimale à partir de 10H00 le matin ou après 15H00 l’après-midi. L’entrée dans l’activité ne doit pas être brutale et elle doit se faire en respectant une période de mise en train. Certaines activités sont basées sur des automatismes qui sont néanmoins modulables (exemple : cycle alternatif de la marche, … ou encore pédalage, foulée, coups de pagaie, cycle de bras en natation, … réglés sur le rythme respiratoire).
Le jeu et les activités physiques et sportives, pratiqués à bon escient tout au long de la journée aident à respecter le rythme veille/sommeil. Dans le respect des recommandations effectuées notamment dans le cadre du PNNS : pratique d’environ une heure par jour d’activités physiques et sportives avec trois séances d’intensité fortes par semaine (activités de déplacements quotidiens, activités récréatives, encadrées à l’école ou en club), les activités physiques deviennent un élément structurant des rythmes de vie et concourent à un état de bien être physique et mental. À 6-7ans, l’enfant est encore très sensible à la sécurité engendrée par le respect des différents rythmes liés à l’activité et au sommeil.
Pour les enfants plus âgés, l’activité physique pratiquée tardivement en soirée peut perturber l’endormissement ; elle est à éviter.
Docteur Claude GOUBAULT
Médecin du sport
Médecin fédéral de l’USEP 2006-2009
Marie-France LE GAL
Médecin de santé publique. Membre ASCOMED
Médecin fédéral depuis 2010